FOCUS : L'armée de Terre, l'innovation et les réalités opérat°

"Face aux nouvelles réalités opérationnelles,
l’armée de Terre renforce l’innovation"

En cours de transformation, l’armée de Terre met notamment l’accent sur l’innovation. À l’occasion de la présentation annuelle de ses capacités cette semaine, focus sur un nouvel organisme dédié, le Commandement du combat futur, et sur quelques équipements dernier cri.

C’est un dossier d’envergure, même s’il reste peu médiatisé : en ce moment, l’armée de Terre se transforme profondément. Demandée par le Gouvernement et mise en œuvre par le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), le général d’armée Pierre Schill, cette transformation est rendue indispensable par le climat d’incertitude, le changement d’échelle dans les conflits et l’accélération technologique actuels. À cette ère stratégique inédite répond une organisation inédite, qui repose sur quatre piliers : être et durer ; agir ; protéger ; innover. Ce dernier se traduit, en parallèle d’efforts vers la guerre hybride notamment, par une adéquation renforcée entre doctrine et équipements, à dimension à la fois opérationnelle et prospective.

Créé le 1er août dernier et en cours d’organisation, le Commandement du combat futur (CCF) constitue le grand organisme de la cohérence capacitaire et doctrinale de l’armée de Terre, voué à développer sa capacité d’innovation. À sa tête, le général de corps d’armée Bruno Baratz, Commandant du combat futur, est directement subordonné au CEMAT. Cet ancien commandant des forces spéciales Terre a pour adjoint le général de division Benoît Vidaud, ex-directeur de la Section technique de l’armée de Terre (STAT) et actuel chef du Centre de doctrine et d’enseignement du commandement (CDEC), qui se fondra dans le CCF d’ici à la fin de l’année. Outre le CDEC et la STAT, le CCF agrégera la FECS (Force d’expertise du combat Scorpion), la Division étude prospective du commandement et du combat interarmes (DEPCIA) et le Battle Lab Terre.

Au cœur des missions de ce nouveau commandement, l’innovation au sein de l’armée de combat remplit un triple objectif : éclairer sur les engagements à venir, comprendre les enjeux de la métamorphose de la guerre, et dynamiser la transformation capacitaire des unités. En clair, il s’agit de donner avec plus de réactivité aux forces terrestres les outils et concepts d’emploi dont elles ont besoin. Pour ce faire, le CCF a comme feuille de route de capter rapidement l'innovation, de l'expérimenter, de la formaliser et de faciliter son appropriation par les soldats.

À LA CONVERGENCE DE LA PROSPECTIVE, DE LA DOCTRINE ET DU CAPACITAIRE

À la convergence des mondes de la prospective, de la doctrine et du capacitaire, le Commandement du combat futur doit exploiter toutes les opportunités de synergie. En s’éclairant sur les réalités conflictuelles du monde actuel, fort de sa capacité d’analyse et des applications concrètes qu’il en déduit, il entend aussi contribuer au rayonnement de la pensée militaire de l'armée de Terre auprès de la société civile et des armées étrangères.

Afin de remplir ses missions, le CCF travaille sur trois axes complémentaires :

1. Éclairer l’armée de Terre pour comprendre les menaces. Cette analyse précise et omnidirectionnelle doit conduire à innover dans tous les domaines de la conflictualité contemporaine et future.
2. Innover, autrement dit acquérir, évaluer et expérimenter en coordination étroite avec les directions et services du ministère des Armées, les industriels, mais également avec les unités de la force opérationnelle terrestre.
3. Exploiter : facteur de supériorité, la technologie doit, pour être pleinement efficace, faire l’objet d’un concept d’emploi, d’une doctrine, pour que chaque fonction opérationnelle en tire le meilleur usage. Il faut aussi que, dans le combat interarmes, interarmées, ou dans le cadre interallié, la culture commune et l’interopérabilité de tous les acteurs permettent de démultiplier l’efficacité technologique.

Lors de la Présentation des capacités de l’armée de Terre (PCAT) ce jeudi 19 octobre, le CCF est responsable du pôle « Innover ». En lien avec plusieurs organismes (STAT, Battle-lab Terre, École militaire de haute montagne, Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres…), il va présenter tout un panel d’innovations, allant du wargame aux drones armés ou de transport, en passant par la robotique terrestre (robots de maintenance, robot mule…), les petits équipements (tenues et matériels pour combat en zone polaire) ou la maintenance (projet de maintenance holographique des Véhicules blindés légers…)

DES INNOVATIONS DE RUPTURE, SUR TERRE OU EN L’AIR

Voici quatre exemples d’équipements présentés cette année, et en quoi ils constituent une innovation :

© armée de Terre

• Le drone armé AVATAR (action par vecteur aérien de tir d’armement robotisé). Ce démonstrateur intégrant un armement d’infanterie (un fusil d’assaut HK 416 F) sur une plateforme légère constitue une innovation de rupture : il allonge la portée des tirs tout en améliorant l’identification des cibles et la protection des soldats opérateurs.

© armée de Terre

• Le robot mule PROBOT avec panier. Téléopérable à vue et hors vue, mais aussi tractable, ce robot dispose d’une capacité de charge de 750 kg. Il permet d’alléger des combattants ou, par exemple, l’extraction sanitaire d’un blessé.

© armée de Terre

• Le robot armé PROBOT chenillé. Intégrant un tourelleau téléopéré 12.7mm FN Herstal, il constitue une innovation de rupture grâce à l’augmentation et à l’élongation de la capacité des tirs, et en mettant ses opérateurs à l’abri des vues ennemies.

© armée de Terre

• Le robot NERVA avec caméra. Son agilité, son adaptabilité et sa furtivité lui permettent d’améliorer les missions de reconnaissance, d’observation et de brouillage.

IHEDN
16/10/2023