RETOUR SUR la conférence "Maréchal Foch, la guerre" par S. Andreau (AA75)

COMPTE-RENDU
de la conférence du lundi 22 janvier 2024
de Sylvie Andreau (AA75)

LES DEBATS STRATEGIQUES DE L'IHEDN

"Maréchal Foch, la guerre"
par Martin Motte

Martin Motte aux Lundis de l’IHEDN pour son ouvrage De la guerre, publié aux éditions Taillandier. Textes présentés et annotés par Martin Motte, préface de Benoît Durieux

Ancien élève de l’ENS, directeur à l’école pratique des hautes études, et intervenant à l’école de guerre, Martin Motte s’est mis en tête de réhabiliter le grand théoricien militaire Ferdinand Foch. Il a pour cela retravaillé, « élagué », les deux ouvrages du maréchal - Des principes de la guerre et De la conduite de la guerre - , mais aussi sélectionné des éléments de cartographie, pour proposer une nouvelle lecture de ce classique de la stratégie publié en 1904 et 1905.

Martin Motte, lui-même auteur de La mesure de la force, du Traité de stratégie de l’école de guerre, entend prouver que Foch n’est pas le piètre stratège que dénoncent notamment l’historien Marc Bloch ou le penseur Raymond Aaron « sans l’avoir jamais lu », assure Martin Motte. « Ferdinand Foch nous en dit plus sur notre époque que nous en avons conscience », poursuit l’auteur qui considère que le maréchal reste une référence en matière notamment de haute intensité.

Dans ses écrits, Foch tire les enseignements de la guerre de 1870. La pensée prussienne, théorisée par Carl von Clausewich, le traumatisme de la défaite, vont indéniablement nourrir la réflexion de Foch, né en 1851, qui assurera des années plus tard le commandement de la bataille de la Somme. Penseur et praticien, Ferdinand Foch doit sa double compétence à sa formation. Destiné à l’école Polytechnique et à une carrière d’ingénieur, le lycéen va s’intéresser à la philosophie, indispensable selon lui pour nourrir son raisonnement, et même passer un bac littéraire. Martin Motte souligne l’inspiration de Descartes dans la réflexion de Foch. Pour lui, un chef de guerre ne se borne pas à calculer des probabilités. Son système de pensées, loin d’être verrouillé, se construit aussi sur des passions, sur le hasard et bien sûr l’humain.

Stagiaire de l’école de guerre, dans l’artillerie métropolitaine, Foch n’aura pas l’occasion de participer aux opérations coloniales qui vont aguerrir bon nombre de militaires de sa génération. Son parcours initial « sans combat » explique son inspiration pour l’histoire et son goût pour la réflexion. Ainsi ne livre-t-il pas des recettes, mais entreprend d’aider les militaires à réfléchir afin de s’orienter vers la bonne solution, en fonction des circonstances. Le fondement de sa théorie s’appuie sur l’économie des forces, la liberté d’action, la sûreté.

Foch va s’attacher à démontrer l’interdépendance de ces principes. L’art d’articuler les forces dans l’espace et le temps doit leur assurer les synergies maximales. La sûreté correspond aux moyens de parer à la surprise. La réalité guerrière est appréhendée par Foch à travers tous ses angles. Il est le penseur de l’art opératif ». Martin Motte reconnaît au maréchal mort en 1929 la paternité du concept de défense nationale, au-delà de celui de défense militaire. Sa pensée l’érige au niveau des plus grands, tels que Patton ou Eisenhower.

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