ARTICLE : "Jacques Perrin, le passionné" par l'amiral (2s) J. Launay (AA54)
Jacques Perrin, le passionné.
Artiste. Marin. Voyageur. Soldat. Producteur. Idéaliste. Passionné. Fidèle. Convaincu. Convainquant. Sentimental… Jacques était tout cela. Mais bien plus que cela. Il ne saurait être enfermé seulement dans cette énumération tant son ouverture sur le monde des hommes était immense et ses passions contagieuses. Il vénérait la Nature. Il aimait l’Homme.
Impromptus d’oiseaux.
Le 3 décembre 2000 au soir, dans le port de La Pallice, commence cet épisode le plus pittoresque qu’il m’ait été donné de connaître à bord du D 646, le Latouche-Tréville, frégate de lutte anti sous-marine qui vient de tirer sa révérence. Elle porte le nom prestigieux de celui qui, à bord de l’Hermione, transporta La Fayette en 1780 pour son deuxième voyage vers ses succès américains.
Jacques Perrin embarque avec ses idées et ses passions, son équipe de tournage, mais aussi … ses oiseaux migrateurs, les fameuses bernaches nonnettes qui sont au nombre de trente-deux. Le Hangar hélicoptère qui abrite habituellement les deux hélicoptères Lynx se transforme alors en une immense volière. Elle doit permettre le repos des actrices et le sommeil des imprégnateurs et des imprégnatrices qui les accompagnent. Ils partageront trois jours durant leurs quotidiens et leurs nuits dans la torpeur d’un bâtiment de combat soudain transformé. La frégate est plus habituée aux lumières rouges des nuits de veille, aux missions de sûreté de la Force Océanique stratégique, aux entrainements d’escadre, aux exercices variés et aux tirs missiles ou canons. Mais les bernaches l’ont annexée. La Mission devient « simplement » de savoir décliner en mer l’imagination des artistes. Simplement et avec passion !
Si les diagrammes aéronautiques de la plateforme hélicoptères sont bien connus de nos équipes de pont d’envol pour les Lynx, Alouettes et autres Dauphins alors en service dans la marine, celui des bernaches est encore incertain. Nous sommes bientôt rassurés : le « vent à 11 heures » ou à « 1 heure » leur convient parfaitement. C’est ainsi que les premiers éclaireurs prennent leur envol.
Aussitôt, avec force cris, appels et bruits de crécelle qui leurs sont familiers, les accompagnateurs de ces oiseaux migrateurs les rapprochent du bateau, les filment devant l’étrave ou le long du bord puis les invitent après quelques tours autour de leur « plateforme mère », à l’appontage… Là encore l’aérologie est parfaite et nos oiseaux se posent délicatement sur la grille hélico. Plus besoin du harpon pour tenir solidement amarré l’engin après le poser, plus besoin de cales ni de saisines. Des bras rassurants et familiers se chargent de féliciter les deux actrices pour leur performance. Elles rejoignent le hangar sans avoir besoin d’appareil de manutention.
Le scénario se répète, les oiseaux viennent nous précéder en formation en diamant devant l’étrave, volent avec élégance. « Silence, on tourne ! ». Route Avia, Vert appontage. Les actrices sont chaudement félicitées pour leurs prestations magistrales. La Fayette est loin, mais la liberté est là. Celle de l’artiste qui imagine, ressent, crée et partage. Jacques a le secret pour dévoiler avec tact des ressorts intimes et pour transmettre du sens, du beau, du bonheur. « Le peuple migrateur » est un succès.
Jacques Perrin disait que « depuis toujours, les récits exemplaires des marins s’additionnent et nous font croire en une humaine espérance faite de solidarité, de ténacité, et de courage ». Jacques est fidèle à la mer et à la nature, comme il est fidèle en amitié. Notamment ses amitiés avec Pierre Schoendoerffer ou Costa Gravas. Depuis son embarquement à bord du Latouche-Tréville , j’ai eu le privilège de lire ses scénarios et d’échanger avec lui sur ses nombreux projets : Jacques Perrin, le passionné !
Les derniers Hommes
Jacques Perrin avait encore bien des projets en tête. La Somalie, Sea Shepherd, … mais aussi « Les derniers hommes », évocation adaptée d’un épisode historique d’une section de la légion étrangère en Indochine. Il avait rencontré le Chef d’Etat Major des Armées. Son équipe vient juste d’achever le tournage en Guyane. Le film doit sortir en 2023… Il le faut pour honorer sa mémoire et lui rendre cette haute estime qu’il portait aux armées en général et à la marine en particulier, lui peintre officiel de la Marine, capitaine de frégate de la réserve citoyenne, et récemment admis sous la Coupole à l’Académie des beaux-arts.
A Dieu Jacques, tu as gagné le paradis des hommes de bien. Merci pour le Crabe Tambour. Merci pour la 317ème section. Merci pour Cinéma Paradiso. Merci pour Z. Merci pour le peuple migrateur et ta compagnie de bernaches sympathiques. Merci pour le désert des Tartares. Merci pour les choristes. Merci pour l’Empire du milieu du sud. Merci pour Océans. Merci pour tout ce que tu as entrepris et transformé en messages fondamentaux pour notre humanité et notre planète. Merci pour l’ensemble de ton œuvre. Merci pour ce que tu allais entreprendre. Merci pour ton amitié.
Adieu Jacques. Merci l’Ami.
Amiral (2S) Jacques Launay (AA54)
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