L’OTAN, une alliance militaire de moins en moins politique
L’OTAN incarne le lien transatlantique qui unit les nations démocratiques qui s’engagent pour la promotion de la liberté et d’un ordre international organisé, spécialement en Europe. Alliance militaire indispensable à l’équilibre des deux rives de l’Atlantique, elle semble de moins en moins capable de symboliser la dimension politique qu’elle souhaitait.
En son sein fleurissent désormais des chantres de « l’illibéralisme », mais surtout des régimes autocratiques. Il est frappant de constater qu’à la conférence de Munich sur la sécurité, l’assistance a célébré la libération d’un journaliste ressortissant d’un pays de l’Otan, l’Allemagne, par un autre pays de l’Otan, la Turquie. Celle-ci, au demeurant, est suspecte d’entretenir des liens étroits avec le terrorisme islamiste, traite avec la Russie révisionniste et combat les alliés kurdes des membres de l’Alliance.
Au cours de sa dernière conférence ministérielle, alors que les Européens produisent un effort de remontée en puissance de leurs dépenses et de leur organisation pour la sécurité collective, ils ont été contestés par le Secrétaire général lui-même et des alliés inquiets d’une autonomie accrue de l’Europe. Vraisemblablement ces agacements étaient motivés par de sombres intérêts commerciaux. Les industries de défense européenne pourraient en profiter? Quelle horreur! Et l’argent européen leur serait réservé? Quelle honte! C’est pourtant la règle partout dans le monde et la puissance des grandes armées est bien sûr indissociable de leur complexe industriel. C’est ce que l’Europe s’apprête à faire, parce qu’elle dispose de la base technologique et industrielle nécessaire, qu’elle a le droit et même le devoir de la privilégier. Et si elle ne le faisait pas, il en serait terminé de ses efforts vers une défense européenne. Avis à ceux qui ne le comprendraient pas.
La France propose une initiative européenne d’intervention, susceptible d’impliquer ses partenaires dans des capacités d’intervention, seules capables de crédibiliser une réelle volonté de défense collective jusqu’ici bien timorée. C’est un préalable à la défense européenne, preuve d’un réveil salutaire. C’est un complément utile pour l’Alliance elle-même.
Il serait contre-productif que le leadership de l’OTAN sape les timides avancées de la défense européenne par une vision à courte vue. L’instabilité internationale ne peut être contenue que par une Europe qui remplit son devoir de protéger les siens, dans une alliance toujours nécessaire et efficace au sein de l’OTAN, non par une soumission à des intérêts qui seraient de moins en moins les siens.
Tout autre calcul mettrait en péril notre sécurité commune et pourrait, à long terme, s’avérer mortel.
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