NOTRE DAME DE PARISTranscendance, unité, rayonnement et avenir d’une Nation
Il est de ces moments trop denses pour être réels. Lundi vers 19h, nous sommes tous devant les images d’un mauvais cauchemar. La forêt de chênes millénaires brûle sur les toits de Notre-Dame de Paris. Chacun de nous est dans une torpeur proche de l’abattement. À côté des parisiens, les français et les habitants du monde entier sont au chevet de Leur-Dame, impuissants. Cette silhouette si familière à l’univers entier brûle, brûle et brûle encore. Le traumatisme est à la hauteur de la tragédie. Il est viral, et comme nous sommes au XXIème siècle, il est instantanément universel. La fascination des images, la multiplication des commentaires, la mise en réseau des messages embrasent en chacun une émotion difficilement contrôlable.
Que dire quelques jours après le drame qui n’ait déjà été dit ? Est-ce déjà trop tard, au moment où le zapping de l’événementiel fait son œuvre d’oubli et où les polémiques les plus absurdes font rages ? Ou bien est-ce trop tôt pour tirer des enseignements avec le recul de l’Histoire ? Plutôt que des leçons, je voudrais lancer quatre pistes pour ceux qui, comme moi, sont attachés à la Nation, à la Nation quand elle regarde vers le haut.
"Notre-Dame brûle et le pays s’unit."
D’abord, la réaction de notre Nation a montré son profond attachement à ses racines spirituelles. Ce serait une récupération suspecte que de dire que tous se sentent chrétiens en une telle circonstance. En revanche, ce serait de bien mauvaise foi que de nier la prise de conscience spirituelle qu’a réveillée ce drame. Les français, catholiques ou non, croyants ou agnostiques, n’ont pas réagi simplement comme si leur patrimoine partait en fumée. Ils ont réagi comme si leur cœur était en feu. Ils savent que Notre-Dame a été bâtie par des hommes et des femmes que leur Foi chrétienne a poussés. Aucune association culturelle ou patrimoniale ne pourra retirer à Notre-Dame son identité spirituelle. Alors que le fait religieux est souvent en forte suspicion dans notre république laïque, nos concitoyens, nos forces de l’ordre, nos sapeurs-pompiers se sont unis pour sauver Notre-Dame. Il a fallu que la cathédrale de Paris brûle pour redevenir le signe intangible qu’une transcendance habite au cœur de la société française. Notre Nation est plus qu’un qu’un P.I.B., elle porte la dignité sacrée et irrévocable de tout citoyen. C’est pour préserver cela que nos pompiers se battent, que nos soldats meurent.
Ensuite, la réaction unanime de nos concitoyens les a rapprochés. Il y a déjà presqu’un an, le Président de la République a croisé quelques membres du conseil paroissial de Saint François-Xavier alors qu’il retournait nuitamment vers l’Élisée. Il leur confiait par trois fois que sa plus grande épreuve était celle du clivage entre les français. Quelques mois plus tard, la France est traversée par une fracture si profonde que certains refusent d’écouter l’autre avant même qu’il ait parlé. Au moment où le Président devait prendre la parole pour tenter de raccommoder nos concitoyens, Notre-Dame brûle et le pays s’unit. Il a fallu que la Cathédrale de Paris soit en feu pour que le Peuple de France le comprenne : ce qui l’unit est plus profond que ce qui le divise. Un peu à l’image de Notre-Dame de Paris elle-même. Ce qui a désunit ses pierres pour la détruire n’a pu mettre à mal l’unité d’une façade qui s’élève encore avec noblesse dans le ciel de Paris. L’unité du peuple français se fait lorsque ses racines les plus profondes sont en danger. Elle se fait aussi quand tous regardent dans la même direction, surtout quand ce regard s’élève vers le ciel. C’est cette unité profonde de la Nation que nos soldats défendent, et dont ils sont les signes vivants.
"Le message de la France rayonne et compte dans le concert des Nations."
Troisièmement, les réactions internationales ont ressuscité la fierté de notre Nation. Le retour d’image des médias internationaux l’a montré à nos concitoyens : ce qui arrive à la France touche tous les hommes et femmes de notre planète. La France savait-elle qu’elle est tant regardée lorsqu’il s’agit de ses symboles les plus profonds ? Elle porte en elle un héritage dont elle n’avait sans doute plus vraiment conscience. Le regard des autres lui a rappelé que toutes les nations comptaient sur elle pour les guider. Tout comme Notre-Dame appartient un peu à toute l’humanité, le message de la France rayonne et compte dans le concert des Nations. Ceci est vrai si elle n’oublie pas qu’elle dispose en elle de valeurs qui dépassent largement le matérialisme ambiant. Qu’il le veuille ou non, notre pays portera à jamais en sa chair la grandeur et la cicatrice de Notre-Dame de Paris. La France dont les routes commencent devant Notre Dame de Paris, dont les chefs d’État viennent célébrer la victoire à Notre Dame de Paris, dont le cœur bat à Notre-Dame de Paris, cette France promeut la Paix et le respect de la dignité humaine bien au-delà de ses frontières. Qu’elle n’oublie jamais cet héritage, qui est aussi une mission ad extra. C’est cette mission que nos soldats exercent sur les théâtres d’opérations extérieurs.
Enfin, et ce n’est pas la moindre de nos fiertés, le désir de reconstruction de Notre-Dame s’est exprimé immédiatement. Notre Président de la République a porté de façon précoce et ferme le désir de tous les français de rebâtir. L’un d’entre nous, le Général Georgelin (auditeur de la 46° Session nationale de l'IHEDN), est nommé représentant spécial de l’État pour veiller à l’avancement des procédures et des travaux qui seront engagés à la Cathédrale de Paris. Une vraie générosité s’est manifestée pour reconstruire. Quelques polémiqueurs marginaux tenteront bien de briser cet élan. Ils ont essayé d’opposer ce qu’on devrait donner aux « pauvres gens » et ce qu’on donne à une cathédrale. Ils tenteront aussi de briser l’unité du Peuple de France en opposant les riches et les pauvres. D’autres tenteront de nier la transcendance du projet pour n’en faire qu’une simple reconstruction patrimoniale. Sans doute ces concitoyens feraient-ils mieux de le comprendre à travers cette épreuve : dans l’incendie de Notre-Dame de Paris, les gens les plus vulnérables, comme les autres, ont saisi que le sens de leur vie n’était pas à étalonner uniquement sur leur pouvoir d’achat. Ce sont les simples gens qui ont construit Notre Dame, ce sont eux qui sont venus y prier, même maladroitement, leur Mère du ciel, ce sont eux qui veulent la rebâtir avec générosité. Ils sont prêts à se dessaisir de leurs biens matériels pour saisir l’essentiel d’une vie. Qu’on ne les prenne pas en otage pour les réduire à des obsédés du porte-monnaie. La reconstruction de Notre-Dame n’est pas une question de gros sous. En effet, reconstruire ce qui fait sens, c’est assurer l’avenir de notre Nation ; c’est l’ancrer sur l’essentiel ; c’est l’ouvrir à la transcendance.
Père Jean-Philippe Fabre
Collège des Bernardins
60ème Session Nationale de l’IHEDN
Ordonné à Notre Dame de Paris en juin 1998
Image : Maxiscience.com
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