Retour sur la conférence au Musée de l'Histoire de l'immigration - 26/09/19
Le 26 septembre dernier, une délégation de la Commission "Culture et Défense" de l'AA-IHEDN a eu l'honneur de participer à une visite/conférence exceptionnelle au Musée de l'histoire de l'immigration sur le thème " "La crise de la politique européenne d'immigration et d'asile" avec Catherine WIHTOL de WENDEN, membre du Conseil d’orientation du musée et directrice de recherche émérite au CNRS (Ceri-Sciences Po), spécialiste des migrations internationales.
Catherine Wihtol de Wenden nous explique les aspects et les facteurs de la crise de l’asile :
La crise a éclaté en 2015 : quand des dizaines de milliers de Syriens ont gagné l’Europe, le Président de la Commission a parlé de « partager le fardeau » (il s’agissait alors de 40 000 demandeurs d’asile). Il s’est heurté à un refus absolu de nombreux pays européens. Il y avait opposition entre l’Allemagne, qui accepta 800 000 demandeurs d’asile cette année-là, et les pays de l’Ouest comme la France, et plus encore les pays du groupe de Visegrad, alors qu’ils sont signataires de la Convention de Genève.
La solution a été ensuite de traiter avec la Turquie, premier pays d’accueil de Syriens : avec l’accord de mars 2016, l’UE demande à la Turquie de garder sur son sol les réfugiés syriens en échange de 6 milliards d’euros, de l’allègement des procédures de visa pour les Turcs, du réexamen de l’adhésion de la Turquie à l’UE.
Aujourd’hui en Turquie les camps ont été éradiqués. La Turquie donne des titres de séjour d’un an renouvelables avec droit au travail. La Grèce, très pauvre, accorde peu l’asile. il y a encore des camps dans les îles, et beaucoup de réfugiés se sentent piégés en Grèce. Ce sont les pays voisins de la Syrie qui accueillent le plus de réfugiés
Depuis 2015 l’Allemagne a adopté une politique plus dure. Et les demandes d’asile ont augmenté en France : 100 000 en 2017, 122 000 en 2018. En proportion de réfugiés sur la population totale, la France est 17ème sur 28
le système Dublin II :on doit demander l’asile dans le pays où on est entré en Europe, et seulement dans ce pays. Il s’agit souvent de la Grèce ou de l’Italie et ces deux pays sont débordés. Résultat : ils laissent parfois passer les demandeurs sans les enregistrer. Ce système est donc inadapté. Une directive a été adoptée sur l’autorisation de travail, que la France rechigne à appliquer.
La position de la France : 250 000 entrées légales par an. La majorité de l’immigration est familiale, car l’immigration de travail est fermée depuis 1974. Les autres immigrants légaux sont des étudiants et des réfugiés. La politique actuelle débouche sur des crises : à Calais pendant des années, puis dans la vallée de la Roya, aujourd’hui dans le Briançonnais. Des associations viennent en aide aux personnes qui arrivent.
Elle répond ensuite à nos questions :
- Si l’Allemagne a été aussi accueillante, c’est en raison de ses besoins démographiques, de sa situation économique, et de sa tradition d’asile. Elle avait déjà accueilli presque tous les demandeurs d’asile venant de l’ex Yougoslavie dans les années 1990, soit environ 500 000.
- En France il y a très peu de politiques d’intégration des réfugiés. Ils se heurtent à l’obstacle de la langue, du logement et du marché du travail.
- L’accord avec la Turquie n’est pas le seul. L’UE d’une part, et les pays européens d’autre part, passent des accords avec les pays voisins pour qu’ils retiennent les migrants
- L’UE finance les flux de réfugiés et les pays gèrent les « stocks ». Par exemple Frontex a été créé en 2003, et depuis son budget a été multiplié par 3 ; le mur qui entoure Ceuta et Melilla, enclaves espagnoles, a été financé par l’UE. Chaque pays est maître de sa politique d’asile.
Avant cet exposé, Catherine Wihtol de Wenden nous a fait visiter le Palais de la Porte Dorée qui abrite le Musée de l’histoire de l’immigration : c’est le seul palais Art Déco de Paris, construit en 1931 par Laprade pour l’Exposition Coloniale. Il est remarquable par les bas-reliefs de la façade, les fresques du salon d’honneur, qui évoquent l’empire colonial, le bureau de Lyautey. Nous avons parcouru l’exposition temporaire Paris-Londres : music migrations, et pour finir l’aquarium tropical
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