Compte-rendu vu voyage d'études à Genève (Suisse)
Voyage d'études à Genève (Suisse) - 26 au 29 mars 2017
Traiter un tel sujet en trois jours peut paraître ambitieux, voire présomptueux. Nous nous étions cependant fixés quelques limites -relatives certes !- puisque notre objectif était d’entendre, de comprendre le rôle des organisations internationales en la matière. D’où notre choix d’un déplacement à Genève.
La spécificité de la « Genève internationale ». Héritière de la Société des Nations (SDN) à Genève, l’ONU occupe notamment le Palais des Nations que nous avons visité, le Palais Wilson (siège de la SDN dans ses premières années, aujourd’hui siège du HCDH). A Genève sont concentrées la plupart des institutions internationales vouées au domaine économique, social et humanitaire, et nous avons pu avoir des contacts à l’Organisation internationale de migrations (OIM), au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UN HCR), au Haut-Commissariat aux droits de l’Homme (HCDH), au Comité international de la Croix Rouge (CICR) notamment.
Dans l’Histoire, la position de Genève dans un pays neutre a toujours favorisé les négociations et la recherche de solutions aux problèmes internationaux. En outre, Genève est intimement liée à la création du CICR par cinq citoyens suisses dont le Général Dufour et Henri Dunant au lendemain de la bataille de Solférino en 1859. Pour la première fois est reconnue la nécessité de protéger les victimes des conflits armés et des situations de violence. A partir de là, il faut développer le Droit international humanitaire et inciter les gouvernements à le respecter, sans toutefois empiéter sur le Droit de la guerre.
Les conventions de Genève (1949) et les protocoles additionnels (1977) protègent les personnes qui ne participent pas -ou plus- aux hostilités. Le CICR a joué un rôle majeur dans le développement juridique du Droit de la guerre et du Droit international humanitaire. Il s’est vu confier « une quasi mission de service public international ». Parallèlement à cette institution privée de droit suisse, se sont développées différentes institutions du système des Nations Unies.
Nos interlocuteurs ont su nous montrer les multiples facettes de la question des migrations, qui ne sont ni une nouveauté, ni une spécificité européenne en insistant sur l’importance du problème hors d’Europe, et sur la différence à opérer entre « migrants » et « réfugiés », ce qui implique des solutions adaptées. Le développement des moyens de communication leur donne une résonnance amplifiée et suscite la recherche de solutions à tous les niveaux, notamment dans le cadre d’organisations intergouvernementales et régionales : ONU, OCDE, UE ... font de multiples réunions et travaux sur le sujet.
Si la question des migrants et des réfugiés est au centre des préoccupations des gouvernements européens depuis quelques années, c’est principalement du fait de sa connexion avec les conflits du Moyen-Orient et avec les actions terroristes subies en Europe.
Cette vision réductrice en termes d’extension géographique occulte une réalité plus globale dans le temps et dans l’espace. Deux sentiments contradictoires ont été perçus dans notre groupe :
- Une certaine admiration devant la tâche accomplie par ces organisations, et donc une lueur d’espoir pour régler un problème souvent présenté comme insoluble,
- La perspective peu réjouissante liée aux menaces économiques, démographiques climatiques... qu’il faudrait prendre en compte dans des politiques à long terme ....
Dans ce domaine, parmi les quatre objectifs définis par le Pape François, les organisations rencontrées tentent d’assurer les deux premiers : Accueillir et protéger. C’est l’immédiat. Les deux étapes suivantes concernent le long terme : promouvoir et intégrer. Qui prend le relais ? Cela ne peut être que du ressort politique des Etats et de l’implication des citoyens sous l’impulsion des gouvernements. Il faut aussi voir le côté « enrichissant » dans tous les sens du terme des migrations contrôlées et bien gérées (cf les grands pays d’immigration).
Certes on peut regretter que les causes fondamentales du problème n’aient pas été abordées : conflits intérieurs ou extérieurs, instabilité régionale, sous-développement économique ... mais ces questions sont de ressort des Etats, et non des Organisations internationales.
Les Organisations internationales se sont vues confier des missions par les Etats, et elles agissent de concert avec les bonnes volontés des Organisations non gouvernementales (ONG), mais elles ne peuvent aller au-delà des mandats donnés et des moyens octroyés par les Etats, des directives d’action et des financements devant aller de pair avec les missions confiées. Les personnes rencontrées dans les organisations internationales ont surpris par leur compétence, leur dévouement et leur engagement, tranchant ainsi avec l’opinion généralement répandue sur les « fonctionnaires internationaux ». Leur travail sur le terrain à travers le monde leur a donné l’expérience et le recul nécessaires pour assumer des postes de responsabilité dans les sièges des organisations.
Le réalisme conduit à regretter que les Etats n’assument pas leurs engagements, et donc empêchent la promotion de solutions efficaces à long terme. Ceci semble particulièrement net en Europe. On nous a parlé de « crise de la gouvernance », d’absence de prévision et de courage politique .... Ne pas traiter les causes des « migrations » aujourd’hui expose à faire face demain à des problèmes de « réfugiés ».
L’UE a reçu 250 millions de migrants sur un total mondial d’un milliard, avec un niveau de développement sans comparaison avec des Etats comme le Liban, la Turquie, la Jordanie.... qui accueillent depuis des années des camps de réfugiés « transitoires » devenus permanents où il n’y a aucun espoir, aucun avenir pour les individus, problème bien plus grave que le manque de confort, de nourriture ... L’Europe pourrait sans doute accueillir et intégrer plus et mieux, sans envisager de remédier à toute la misère du monde, en mettant en place des mesures légales d’identification, de prévention...Mais elle n’a pas su mettre en œuvre une politique commune, d’où le problème actuel.
En complément de nos visites auprès des organisations internationales travaillant sur le thème que nous avions retenu, nous avons rencontré le Directeur-adjoint du Geneva Center of Security Policy (GCSP) et deux experts de ce centre (dont le Dr Khoser qui travaille sur la question des réfugiés : il a bien mis en évidence le devoir « d’accueillir », mais aussi la nécessaire prudence face aux dérives extrémistes). Le Général Philippe Meyer, directeur-adjoint et IHEDN 54 nous a fait part de son souhait de développer les relations avec les institutions françaises, dont l’IHEDN.
Enfin, nous avons été reçus à Prangins par SAI la Princesse Napoléon qui a eu l’amabilité de partager avec nous quelques souvenirs historiques liés à l’épopée napoléonienne.
Il faut aussi remercier la mission permanente de la France auprès des organisations internationales à Genève qui nous a apporté un soutien appréciable dans l’organisation de nos contacts : M. Thomas Wagner et Mme Marilyne Olszack nous ont reçu pour une introduction éclairée à notre programme.
Publications liées :
- Rapport : “Les migrations et la question des réfugiés dans le monde et en Europe”.
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