Synthèse du voyage de la CVE en Kirghizstan et en Ouzbékistan
Synthèse
Voyage d'études de l'AA-IHEDN
au Kirghizstan et en Ouzbekistan
du 30 avril au 16 mai 2019
Un groupe de 16 membres de l'AA-IHEDN s'est rendu du 30 avril au 16 Mai 2019 au Kirghizstan et en Ouzbékistan.
Son thème d'études était l'Asie Centrale entre la Russie et la Chine : Un nouveau "Grand Jeu" ?
Depuis le lancement par le gouvernement chinois du projet que les Occidentaux appellent "la Nouvelle Route de la Soie", et les Chinois "One Belt, One Road", et l'activisme chinois à créer depuis la mer de Chine qu'elle voudrait pouvoir contrôler totalement , jusqu'à la Méditerranée via l'Océan indien - une grande muraille maritime - grâce à un "collier de perles" de bases navales et de facilités portuaires à son profit, et à financer routes et voies ferrés de la Chine à l'Europe, l'Asie Centrale est devenue un élément géostratégique d'actualité.
C'est un enjeu important dans la stratégie de la Chine visant à mettre en place un nouvel ordre international, en écartant la conception occidentale des relations internationales, du multilatéralisme et des droits de l'homme.
Pourtant la Russie demeure très présente dans cette région qu'elle a dominée pendant plus d'un siècle et où sa concurrence avec la Chine est actuellement masquée par le rapprochement récent entre les pouvoirs russe et chinois.
D'autres pays, l'Inde, l'Iran, la Turquie, poussent aussi leurs pions dans cette région où leur influence fut forte tout au long des siècles passés, de l'Antiquité à la période moderne.
C'est pour connaitre les réactions des pays d'Asie Centrale à cette nouvelle donne, que nous avons choisi de nous rendre dans deux des cinq pays de la région, qui s'avèrent très différents l'un de l'autre : le Kirghizstan et l'Ouzbékistan.
Les deux capitales -Bichkek (l'ex Frounzé soviétique) et Tachkent, nous ont toutes deux paru accueillantes et modernes et complètement débarrassées de l'austérité communiste.
En province, nous avons pu nous rendre sur les bords du beau lac Issyk Koul, enchassé dans les magnifiques Tian Shan (Monts célestes), qui se dressent à la frontière entre le Kirghizstan et la Chine.
En Ouzbékistan, les mythiques villes de Samarcande, Boukhara et Khiva, ont connu depuis quelques années une superbe et impressionnante restauration qui contribue à recréer l'identité perdue du peuple ouzbek.
Partout nous avons été frappés par la grande gentillesse d'une population souriante, l'extrême propreté des capitales et des campagnes traversées. Pas de mendiants, pas de présence militaire et policière visible, guère de femmes voilées (discrètement), un islam qui se présente comme tolérant et compatible avec la vie moderne (nous étions pourtant en période de Ramadan).
Nous sommes toutefois conscients que la pauvreté, la corruption, la menace islamiste, sont présentes dans les deux pays.
Nous avons été très courtoisement reçus par des personnalités kirghizes et ouzbèkes des milieux militaires, universitaires, culturels et économiques. Nous avons particulièrement été sensibles à leur énergie et à leur foi dans l'avenir en dépit de la précarité et de la fragilité de la situation de leurs pays.
Au-delà de son formidable attrait touristique, la région d'Asie Centrale est redevenue l'enjeu des rivalités de plusieurs puissances. Trente ans après une indépendance arrivée fortuitement, et après des années de grandes difficultés, les pays d'Asie Centrale cherchent à devenir partie prenante de la communauté internationale, mais ils sont encore loin d'avoir une réponse régionale concertée face à des défis sécuritaires et environnementaux qui leur sont pourtant communs, même si depuis peu leur rapprochement est perceptible.
Comme l'ont souligné nos deux Ambassadeurs, M. Michaël ROUX au Kirghizstan, Mme Violaine de VILLEMEUR en Ouzbékistan et leurs collaborateurs Mme Aléna GRAND 1er conseiller et M. Frédéric REMOND 1er secrétaire, à Taschkent, ainsi que Mme Catherine POUJOL Directrice de l'IFEAC à Bichkek et nos Attachés de Défense, le Colonel SAMARAN à Bichkek et le Lieutenant-Colonel HOLTZINGER à Tachkent, dans leurs exposés et lors des réceptions qui ont été organisées pour les Auditeurs, le Kirghizstan et l'Ouzbékistan n'ont pas les mêmes potentiels ni les mêmes moyens d'action.
Si le Kirghizstan craint les ambitions de la Chine (envers laquelle il est lourdement endetté) et a besoin de la protection russe, l'Ouzbékistan est plus sûr de lui et s'estime à même de composer avec l'agressivité économique et politique chinoise.
Afin d'être confortés dans leurs positions, ces deux pays ont vivement exprimé le souhait que l'Union Européenne et notamment la France, renforcent leur présence -jugée trop faible -et leur coopération avec eux.
A cet égard il nous est apparu qu'un certain avenir était envisageable pour la langue française -particulièrement dans l'espace culturel et touristique - mais que les relations économiques étaient bien en-deça de ce que l'on pourrait espérer. Certes les obstacles sont nombreux, mais les entreprises françaises s'avèrent plus frileuses que leurs principaux concurrents européens. Pourtant outre le domaine militaire, des perspectives dans les domaines de l'agriculture, de l'eau, du tourisme (éco-tourisme et aménagement de la montagne), des transports ... devraient pouvoir s'offrir à des investisseurs français.
La France et l'UE s'efforcent d'encourager la coopération régionale en Asie Centrale ce qui permettrait à ces pays d'échapper à des relations trop exclusives avec leurs voisins russe, chinois ou turc... et d'apparaitre comme des interlocuteurs privilégiés en matière commerciale.
Au-delà de ces intérêts économiques et commerciaux, l'Union Européenne pourrait aider à la mise en œuvre d'une approche régionale de la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale. Elle pourrait également influencer l'Asie Centrale sur le long terme, dans le domaine des valeurs et des normes qu'elle véhicule, en soutenant l'éducation, la jeunesse et les femmes.
L'Asie Centrale est une région passionnante et prometteuse. Le voyage des Auditeurs de l'IHEDN les a convaincus que l'UE et la France doivent inscrire cette région du monde, nouveau pont entre l'Europe et l'Asie, parmi les priorités de leur politique extérieure.
Nous avons été très touchés par le chaleureux accueil de nos deux Ambassades dont le concours a été précieux pour l'organisation de nos rencontres. Que tous les agents soient sincèrement remerciés d'avoir contribué à la réussite de notre séjour dans ces pays si attachants.
Mireille MUSSO (35ème SN)
Présidente d'honneur de la Commission des Affaires Etrangères de l'AA-IHEDN
Membre de la Commission des Voyages d'études
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